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Un 1er mai «unitaire» et «combatif» contre la réforme des retraites, tensions dans plusieurs villes

PARIS: Plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé lundi dans toute la France lors d’un 1er mai  “combatif”, marqué par quelques violences et une intersyndicale toujours unie contre la réforme des retraites même si les stratégies pourraient rapidement diverger sur la suite du mouvement.

“C’est un gros 1er mai. Ce n’est pas un baroud d’honneur, c’est la contestation du monde du travail de cette réforme”, s’est réjoui le leader de la CFDT Laurent Berger. “Ce 1er mai est un des plus forts du mouvement social”, a renchéri la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.

Les chiffres étaient de fait bien au delà d’un 1er mai classique, même si ce n’était pas le “raz de marée” espéré des syndicats.

La police a ainsi compté 16.300 manifestants à Caen (40.000 selon la CGT), 11.000 à Marseille (130.000), 13.500 à Toulouse (100.000), 15.000 à Brest (33.000), 14.000 à Clermont-Ferrand (25.000), 2.000 à Charleville-Mézières (4.500) ou encore 3.200 au Puy-en-Velay (Haute-Loire). Les autorités tablaient sur 500 à 650.000 personnes sur tout le territoire, dont 80 à 100.000 à Paris.

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L’USAGE DE DRONES VALIDÉ PAR LE TRIBUNAL ADMINISTRATIF

Le tribunal administratif de Paris a validé lundi sans restriction un arrêté de la préfecture de police de Paris permettant l’usage de drones par la police lors de la manifestation du 1er-Mai dans la capitale, selon l’ordonnance consultée par l’AFP.

Des organisations de défense des libertés fondamentales ainsi que des syndicats d’avocats et de magistrats avaient saisi la justice afin de suspendre cet arrêté, qui fait suite à la publication le 20 avril d’un décret sur le sujet par le gouvernement.

Après 12 journées de mobilisation contre la réforme des retraites, les manifestants se disaient toujours déterminés à obtenir son retrait, à l’instar de Lucie Acker à Strasbourg. “Je ressens de la colère, de la révolte même contre le mépris de ce gouvernement. Je suis vraiment écœurée par l’entrée en vigueur de la réforme des retraites. J’ai même ressenti une forme d’humiliation d’être à ce point ignorée”, a dénoncé cette cadre en collectivité territoriale de 42 ans.

Cette fête des travailleurs “se déroule dans l’unité syndicale et rien que ça, c’est historique”, s’est réjoui le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot.

Le dernier défilé unitaire avec les huit principaux syndicats remonte à 2009, face à la crise financière (la CGT avait compté près de 1,2 million de manifestants, la police 456.000).

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Manifestation du 1er mai (fête du travail) pour marquer la journée internationale des travailleurs, plus d’un mois après que le gouvernement a poussé une loi impopulaire sur la réforme des retraites par le parlement, à Lyon, dans l’est de la France, le 1er mai 2023.

LYON: HEURTS ET DÉGRADATIONS EN MARGE DE LA MANIFESTATION DU 1ER MAI

Des actions violentes menées par des black blocks ont émaillé la grande manifestation organisée par l’intersyndicale à Lyon pour le 1er mai, marquée par des heurts avec les forces de l’ordre et d’importantes dégradations sur le parcours, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Divers incidents liés à la présence en début de cortège de “2.000 individus à risque dont 1.000 black blocks” selon la préfecture, sont survenus durant le défilé qui a réuni au total 17.000 manifestants selon la préfecture, quelque 45.000 selon la CGT.

Des jets de projectiles ont visé à plusieurs reprises les forces de l’ordre qui ont répliqué avec des tirs multiples de grenades lacrymogènes, y compris à l’arrivée du cortège place Bellecour, dans le centre de Lyon, embrumée par les fumées blanches.

La préfecture a fait état de 40 interpellations, dont 33 autour de la place Bellecour après le saccage notamment d’une supérette et deux un peu plus tôt et en amont de la place, sur le pont de Guillotière, où les heurts avec les forces de l’ordre ont été particulièrement violents, avec usage de lanceurs d’eau.

Au total, les forces de l’ordre ont dénombré 15 blessés légers dans leurs rangs et un plus sérieusement à une main. Six personnes ont été aussi légèrement blessées lors de la manifestation qui s’est dispersée peu après 17H00, selon la préfecture.

Au moins quatre voitures ont été incendiées sur le parcours, des abribus, des commerces, des banques, des assurances et des agences immobilières ont été vandalisés par des perturbateurs cagoulés et habillés de noir sur le parcours du défilé qui a duré plusieurs heures. Au moins deux supérettes ont subi des pillages, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.

Dans la capitale, le cortège s’est élancé sous l’orage à 14h de la place de la République vers celle de la Nation, avec la présence de syndicalistes du monde entier. Mais aussi pas moins de 5.000 policiers.

Des tensions ont d’ailleurs rapidement éclaté dans le pré-cortège, mêlant gilets jaunes et black blocs, avec notamment des jets de projectiles contre les forces de l’ordre et des vitrines caillassées. A 15H00, 30 personnes avaient été interpellées, selon la préfecture.

Des incidents (dégradations de mobilier urbain, tags et feux de poubelle, jets de pavés) ont également émaillé le cortège à Bordeaux (10 interpellations). A Dijon, des blacks blocs ont visé un drone avec des mortiers d’artifice sans l’atteindre.

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Les manifestants défilent devant le Vieux Port de Marseille, le 1er mai (fête du travail), pour marquer la journée internationale des travailleurs à Marseille, dans le sud de la France , le 1er mai 2023. (AFP)

1ER-MAI À MARSEILLE: BRÈVE OCCUPATION ET DÉGRADATIONS À L’HÔTEL INTERCONTINENTAL

A l’issue de la traditionnelle manifestation du 1er mai qui s’est déroulée dans le calme à Marseille, quelque 200 personnes ont brièvement occupé l’hôtel Intercontinental, un hôtel de luxe, y causant des dégradations au passage.

Les manifestants, qui voulaient mener une “action symbolique contre la répartition inégale des richesses”, à l’appel de l’assemblée générale des personnels de l’éducation ont rapidement été délogés et repoussés sur le parvis de l’établissement par les forces de l’ordre, qui ont utilisé des gaz lacrymogènes.

Quatre personnes ont été arrêtées pour “jets de projectiles et dégradations”, a annoncé la préfecture de police des Bouches-du-Rhône.

Des pots de fleurs ont été cassés et des fauteuils dégradés dans le lobby de l’hôtel. Un tag “y a du bourgeois au menu” était également visible sur la façade de l’établissement.

“L’idée de cette action symbolique est de montrer que la question des retraites est un problème plus large de répartition des richesses”, a indiqué à l’AFP Sébastien Fournier de la FSU, fustigeant notamment les “82 milliards de dividendes distribués l’année dernière aux actionnaires, un record”.

Il a expliqué que “l’un des actionnaires de cet hôtel est le fonds de pension Black Rock, qui a conseillé Macron sur les questions liées aux retraites”. “Ce lieu, c’est la vente d’un patrimoine public pour les seuls intérêts privés”, a ajouté le syndicaliste.

De fait, avant de devenir un hôtel 5 étoiles, cet établissement situé au pied du quartier historique du Panier à Marseille était l’Hôtel-Dieu, un hôpital qui soignait encore des malades jusqu’en 1993.

La ville de Marseille avait fait l’acquisition en 2003 de ce bâtiment datant du XVIIIe siècle, au prix de 9,9 millions d’euros. Avant de finalement le céder en 2007, contre un bail emphytéotique de 99 ans, au groupe Axa associé à Intercontinental, pour qu’y soit aménagé un hôtel de luxe, moyennant un loyer annuel de 2 millions d’euros.

Dans cet établissement, le premier prix pour une chambre pour une nuit de lundi à mardi s’affichait à 286 euros.

Après la dispersion de la manifestation encadrée par les syndicats, sur le Vieux-Port, en début d’après-midi, un cortège de quelques centaines de personnes avait d’abord déambulé dans les rues commerçantes de la cité phocéenne, où quelques dégâts ont été recensés avec notamment des tags, la vitrine d’un magasin de chaussures endommagée et une agence du Crédit Agricole incendiée, nécessitant l’intervention des pompiers.

C’est ensuite que les derniers manifestants étaient revenus vers le Vieux Port pour se diriger vers l’hôtel Intercontinental.

«Pas un gravier entre nous»

Ce 1er mai intervient pourtant après la validation de l’essentiel du texte par le Conseil constitutionnel et sa promulgation dans la foulée.

Les syndicats tournent leurs regards vers deux nouvelle dates: le 3 mai, lorsque les “Sages” se prononceront sur une deuxième demande de référendum d’initiative partagée (RIP), et le 8 juin, lorsqu’une proposition de loi du groupe des députés Liot abrogeant la réforme sera au menu de l’Assemblée.

Présente dans les cortèges, la gauche politique encourage aussi les manifestants à “continuer”. “La lutte continue jusqu’au retrait. N’écoutez pas la voix mièvre et chevrotante de la résignation, de la capitulation”, a tonné Jean-Luc Mélenchon (LFI).

“Ni les Françaises et les Français ni les syndicats ni les partis politiques progressistes ne sont prêts à tourner la page”, a renchéri Marine Tondelier (EELV).

Si la colère reste vive, au gouvernement certains veulent croire “qu’on a passé le plus gros en termes de contestation”.

Emmanuel Macron s’est donné le 17 avril “100 jours d’apaisement” et “d’action” pour relancer son quinquennat. Elisabeth Borne va envoyer des invitations aux syndicats “dans les jours qui viennent”, selon le ministre du Travail, Olivier Dussopt.

Au sein de l’intersyndicale, des divergences commencent à pointer, même si Frédéric Souillot assure “qu’il n’y a pas un gravier entre nous”.

D’ores et déjà, Laurent Berger a annoncé que la CFDT “irait discuter” avec la Première ministre si elle y était invitée, tandis que Sophie Binet a rappelé que l’intersyndicale avait prévu de prendre la décision “ensemble” mardi matin.

“On ne peut pas indéfiniment sécher les réunions à Matignon. Il faut un rapport de force rénové, c’est l’écriture d’un nouveau chapitre”, a plaidé François Hommeril (CFE-CGC).

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