LONDRES: Dès le début du conflit opposant le régime à ses détracteurs, les Syriens ont fui leur pays en masse. Certains ont risqué leur vie et leur intégrité physique pour quitter clandestinement la Syrie avec leur famille, par voie terrestre ou maritime, ou par tout autre moyen à leur disposition.
Depuis 2014, des centaines de milliers de Syriens d’origines ethniques différentes ont réussi à échapper à la violence et aux atrocités de la guerre civile en s’installant dans des pays étrangers.
Pour les Syriens qui commençaient à peine à trouver une nouvelle vie stable au Soudan – où ils espéraient que la violence et la destruction appartiendraient au passé – l’éruption des combats, des pillages et des déplacements dans le pays nord-africain semble prouver que le spectre de la guerre les suivra au-delà des frontières.

Le 15 avril, l’hostilité qui couvait entre les forces armées soudanaises, commandées par Abdel Fattah al-Burhane, et les forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire dirigé par Mohammed Hamdan Dagalo, a atteint son point critique.
Les deux parties s’accusent mutuellement d’avoir déclenché les affrontements qui allaient bientôt submerger de nombreuses villes du Soudan, et en particulier la capitale Khartoum.
Alors que les combats entre l’armée et les FSR à Khartoum s’intensifiaient, 15 Syriens ont été tués dans les premiers jours, selon des sources diplomatiques, et des milliers ont été contraints de fuir leur pays d’accueil.
«Le déplacement est un mot qui hante de nombreux Syriens depuis quelque temps», a déclaré à Arab News Tarek Alabed, un médecin syrien qui vivait à Khartoum.
«Il y a quelques jours, j’ai été contraint de quitter la capitale, Khartoum, pour me rendre à Port-Soudan, sur la mer Rouge, en vue d’une évacuation», a-t-il révélé, décrivant une scène «déchirante».
«Des dizaines de bus arrivent chaque jour, transportant principalement des Syriens.»
Se référant à une scène qui l’a attristé, Alabed a signalé: «Les Syriens représentaient le plus petit nombre d’évacués.»
Selon lui, «seules 40 des plus de 2 000 personnes» embarquées sur les navires vendredi étaient syriennes.
«C’est comme si la guerre nous trouvait partout où nous allons», a-t-il révélé.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a publié une déclaration par l’intermédiaire de l’agence de presse arabe syrienne le 26 avril, indiquant qu’il «suivait avec une grande inquiétude la situation des Syriens résidant au Soudan».
Le ministère a ajouté qu’il avait «établi des contacts avec des pays frères et amis pour contribuer au processus d’évacuation», soulignant que l’Arabie saoudite avait évacué des centaines de Syriens de la ville de Port-Soudan, dans l’est du pays.
«Il ne reste plus beaucoup de Syriens. La plupart de ceux que je connais sont partis», a indiqué Ayham, un Syrien qui a dit avoir travaillé dans la fabrication de mousse au Soudan et qui a refusé d’être identifié par son nom complet.
FAITS MARQUANTS
• Plus de 90 000 réfugiés syriens vivent à Khartoum et dans d’autres régions du Soudan (ONU 2021).
• 300 000 Syriens se sont installés au Soudan entre 2014 et 2019.
• 200 familles kurdes syriennes vivraient à Khartoum.
Ayham, qui est arrivé à Khartoum en 2017 avec d’autres jeunes compatriotes essayant d’échapper au service militaire obligatoire, a révélé que de nombreux Syriens s’attendent à ce que la situation se détériore davantage, ce qui entraînerait des vagues massives d’évacués.
«Les affrontements ont lieu là où se concentre la plus grande partie de la communauté syrienne, comme le quartier Kafouri de Bahri, où se trouve une base des RSF», a spécifié Ayham.
«Une importante communauté syrienne réside également dans le quartier de Riyad, où des affrontements ont éclaté, forçant la plupart d’entre eux à quitter leurs maisons.»
L’ambassade syrienne à Khartoum avait estimé la population syrienne au Soudan à 30 000 personnes, soit la deuxième communauté non soudanaise la plus importante, dépassée seulement par les Yéménites, selon Alabed, le médecin syrien.